HELPEN - ASSOCIATION RECONNUE D'INTERET GENERAL - LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE

Quand le traitement médiatique révèle un autre angle mort : cas individuels ou visibilité du collectif

Dans la lutte contre le harcèlement moral au sein de l’Éducation nationale, chaque relais médiatique compte. Chaque mot, chaque cadrage, chaque choix de montage influence la compréhension publique d’un phénomène pourtant massif, structurel et documenté. Depuis un an, HELPEN constate une réalité simple : selon les médias, notre combat n’apparaît pas sous la même lumière.

Helpen

12/5/20253 min read

Deux types de médias : ceux qui réduisent, et ceux qui comprennent

1. Ceux qui réduisent l’histoire au cas individuel

Certains médias, volontairement ou non, retombent dans un réflexe ancien : centrer l’attention sur un cas personnel pour buzzer. Et parfois renient leurs propres promesses. C'est ainsi, c'est le "jeu".

France 3 a choisi de relayer l'action du collectif. Qu'ils en soient remerciés.

Parce que le cas individuel fait du buzz, “raconte une histoire”, retient l’émotion, coche les cases du récit médiatique classique. Nous admirons le courage exceptionnel de Thierry DINARD, de Hind BOUGHARI et de ces agents qui ont eu le courage de témoigner et d'alerter, suite à l'offensive médiatique de l'association Helpen. Nous pensons que les médias sont essentiels dans notre combat collectif.

Mais le choix d'invisibiliser le collectif que nous représentons avec Helpen entraîne une dérive lourde de conséquences :

  • il invisibilise le phénomène structurel ;

  • il réduit un problème systémique à « une personne, une situation » ;

  • et il efface le collectif qui porte pourtant les données, les expertises, les analyses.

Pire : certains médias vont jusqu’à effacer ou minimiser les passages consacrés au collectif, comme si le système ne pouvait pas être mis en cause ou interrogé. C’est le cas, récemment, lorsqu’une interview de HELPEN a simplement disparu du site d’un grand média radio-télévisé., sans aucune explication.

Nous ne spéculons pas sur les raisons. Ce n’est pas notre rôle. Mais nous constatons un fait : lorsqu’on réduit l’histoire au buzz individuel, on rend service au silence institutionnel. Car un cas individuel se conteste. Un système, lui, doit être expliqué et réformé.

2. Ceux qui comprennent immédiatement l’enjeu collectif

Heureusement, d’autres médias, comme France 3, comme MFP aujourd'hui, ou comme Acteurs Publics ou VousNousIls hier, parmi bien d'autres que nous remercions, prennent la mesure du sujet. Ils voient que l’essentiel ne se joue pas dans l’émotion d’un témoignage, mais dans l’analyse d’un phénomène massif, caché et pourtant déterminant pour le bon fonctionnement de notre service public.

Aujourd’hui encore, MFP signe un article sobre, informé, et surtout juste. Cet article rappelle :

  • que le harcèlement moral entre agents est un fléau invisible,

  • que l’institution ne produit aucun chiffre officiel,

  • que les procédures sont souvent opaques ou inopérantes,

  • et que le silence hiérarchique est un multiplicateur de souffrance.

MFP, VousNousIls et Acteurs Publics (entre bien d'autres) ont compris l’essentiel : HELPEN n’existe pas pour se contenter de raconter des histoires individuelles, mais pour documenter un problème collectif, structurel, systémique.

Ce choix éditorial est courageux. Il est rigoureux. Et il sert l’intérêt général.

Le véritable enjeu médiatique : ne plus confondre symptôme et système

Lorsque des journalistes choisissent d’interroger le phénomène dans son ensemble, ils rendent visible ce que l’institution préfère souvent taire :

  • la répétition des mêmes faits partout en France,

  • l’absence d’enquête dans 74 % des cas,

  • les représailles dans 77 % des situations,

  • la culture de minimisation décrite par les agents,

  • l’absence de chiffres officiels,

  • et l’isolement de victimes souvent performantes, investies, impeccables avant les faits.

Un cas isolé fait pleurer. Un système documenté fait réfléchir. Et un système documenté oblige à agir.

C’est pourquoi HELPEN remercie sincèrement les médias qui respectent le collectif, donnent la parole aux analyses et ne les effacent pas après-coup, surtout quand ces prises de paroles sont courageuses, ne réduisent pas la souffrance à un récit personnel, et mettent en lumière le caractère institutionnel du harcèlement.

Pourquoi cette distinction est essentielle

Parce que le harcèlement moral dans l’Éducation nationale n’est pas un fait divers. C’est :

  • un phénomène national,

  • un risque professionnel massif,

  • un coût humain et financier considérable,

  • et une menace directe pour la qualité du service public.

Réduire cela à “une histoire individuelle” est une erreur journalistique. Refuser de le faire, c’est un acte de courage démocratique.

Notre engagement restera le même

HELPEN continuera à documenter, à protéger, à dénoncer les dysfonctionnements, et à travailler avec tous les médias qui acceptent de voir le système plutôt que le buzz.

Nous ne nous battons pas pour qu’un nom soit jeté en pâture dans une présentation décontextualisée. Nous nous battons pour que 150 000 agents en souffrance ne restent plus dans l’ombre.