HELPEN - ASSOCIATION RECONNUE D'INTERET GENERAL - LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE
Compte-rendu de la rencontre au Ministère de l'Éducation nationale - 19 décembre 2025
L’École ne peut pas tout. Mais elle ne peut pas continuer ainsi. Le 19 décembre 2025, HELPEN a été reçue au ministère de l’Éducation nationale. Cette rencontre n’était ni protocolaire ni symbolique. Elle a permis de mettre des mots, des chiffres et des visages sur une réalité trop longtemps ignorée : le harcèlement entre adultes et l’inertie institutionnelle constituent aujourd’hui une crise structurelle de l’Éducation nationale. Ce que nous avons porté ce jour-là pour l’intérêt général, nous le portons depuis un an d’existence. Ce que nous avons entendu en retour confirme une chose essentielle : le diagnostic est désormais partagé. Reste l’essentiel à faire.
12/21/20255 min read


Un échange attendu, un diagnostic partagé, une responsabilité désormais collective
Le vendredi 19 décembre 2025, HELPEN a été reçue au ministère de l’Éducation nationale pour un entretien de fond consacré à la question du harcèlement entre adultes, de l’inaction institutionnelle et, plus largement, du malaise croissant qui traverse l’institution.
Cette rencontre a permis de poser un diagnostic précis, largement convergent sur les constats, et d’ouvrir des perspectives de travail. Elle marque surtout un moment charnière : les enjeux sont désormais clairement identifiés, les pistes sont connues, et les conditions sont réunies pour que des avancées concrètes voient le jour. À ce stade, la balle est clairement dans notre camp collectif, et HELPEN entend s’y engager pleinement, avec vigilance et constance.
Une délégation engagée, un dialogue franc
HELPEN était représentée par Guillaume Delaby, président, Pascal Arthuis, secrétaire général, et Thierry Dinard, membre associé du bureau. Le ministère était représenté par Sylvie Thirard, directrice adjointe du cabinet, Marjorie Koubi, conseillère dialogue social et ressources humaines, Guillaume Aujaleu (DGRH) et Fabrice Brétéché (DAJ).
Les échanges, structurés autour de sept grands thèmes, ont été nourris, directs et sans faux-semblants. Ils ont permis de confronter les constats de terrain portés par HELPEN aux analyses et aux contraintes institutionnelles du ministère.
1. Un volume de dossiers révélateur d’un phénomène systémique
HELPEN a ouvert la séance en rappelant l’ampleur inédite des signalements : 2 250 demandes suivies en un an, 400 dossiers consolidés, et une projection à 4 000 dossiers dans l’année à venir. Tous les métiers sont concernés : enseignants, personnels administratifs, agents de la centrale, EPLE, et personnels de direction, dont 15 % des dossiers.
Le ministère reconnaît l’existence d’un malaise sociétal plus large et admet la difficulté à mesurer précisément le phénomène, faute d’outils statistiques consolidés. Il exprime néanmoins sa volonté d’avancer rapidement.
HELPEN a proposé de partager ses données afin de combler ce vide et de contribuer à la construction d’un observatoire national fiable. Ce point constitue un levier majeur : la matière existe, il reste désormais à l’organiser et à l’exploiter. HELPEN restera particulièrement attentive aux suites données à cette proposition.
2. L’inaction institutionnelle, un facteur aggravant trop souvent ignoré
Les chiffres présentés par HELPEN sont sans appel : 76 % des agents déclarent l’absence d’enquête, 78 % l’absence de protection fonctionnelle et 94 % l’existence de représailles. Pour une très large majorité, l’inaction administrative est vécue comme une forme de harcèlement moral, en cohérence avec la jurisprudence existante.
Le ministère reconnaît des délais excessifs, des non-réponses et des courriers parfois inadaptés. Il souligne toutefois la complexité juridique des situations et annonce des évolutions textuelles à venir.
HELPEN a rappelé la nécessité de reconnaître l’inaction comme un facteur aggravant, d’intégrer cette notion dans les réflexions juridiques et d’harmoniser les pratiques académiques. Là encore, les principes sont posés ; leur traduction opérationnelle devra être suivie avec attention.
3. RSST : un outil inadapté et insuffisamment protecteur
HELPEN a souligné les limites majeures du RSST : inexistant dans 18 % des établissements, difficilement accessible dans 81 %, souvent réduit à un classeur papier non confidentiel, exposant les agents à des risques de divulgation et de représailles.
Le ministère reconnaît que le RSST n’est pas adapté aux conflits relationnels et admet de fortes disparités académiques. Il annonce la mise en place d’un dispositif national plus pertinent.
HELPEN propose une informatisation nationale du RSST, avec des dépôts sécurisés, confidentiels et un acheminement automatique vers les référents compétents. Ces propositions constituent une base de travail claire ; leur concrétisation sera un indicateur fort de la volonté de changement.
4. Des dispositifs d’écoute peu lisibles pour les agents
Les agents se disent perdus dans des procédures complexes, contraints de s’autoformer, et souffrent d’une prise en charge trop tardive. Le ministère rappelle l’existence de référents, de psychologues, de médecins et du partenariat avec la MGEN, tout en demandant du temps pour permettre à la nouvelle structuration voulue par le ministre de se déployer.
HELPEN plaide pour un dispositif national de signalement, indépendant des rectorats, garantissant un traitement homogène, rapide et traçable. Ce point fera l’objet d’une attention particulière : la lisibilité et l’accessibilité des dispositifs conditionnent leur efficacité réelle.
5. La protection fonctionnelle : un droit encore trop théorique
HELPEN a décrit des situations humaines lourdes : protection fonctionnelle refusée, agents contraints d’assumer seuls leur défense, avec parfois des conséquences sociales et familiales dramatiques.
Le ministère avance un taux d’octroi global de 80 %, tout en reconnaissant la complexité de certains dossiers et en travaillant à un nouvel outil de suivi.
HELPEN demande une clarification des critères, une réduction des délais et un accompagnement systématique des agents les plus fragilisés. Là encore, les engagements devront être traduits en pratiques observables, et HELPEN veillera à ce qu’ils ne restent pas théoriques.
6. Communication institutionnelle : une question de fond
Courriers secs, non motivés, absences de réponse : ces pratiques sont vécues par les agents comme du mépris ou du déni. Le ministère souhaite améliorer la qualité des échanges et propose de former les cadres aux problématiques de différends et de harcèlement.
HELPEN insiste sur la nécessité d’une formation obligatoire des cadres et de délais de réponse garantis. L’amélioration de la communication institutionnelle est un préalable indispensable à toute politique de prévention crédible.
7. Une vision globale qui appelle une stratégie nationale
HELPEN a conclu en rappelant le caractère massif, transversal et structurel du phénomène, avec des risques psychosociaux majeurs et des situations de détresse parfois extrême.
Le ministère reconnaît la complexité sociologique et juridique du sujet et met en avant les efforts récents. HELPEN propose la construction d’une stratégie nationale de prévention du harcèlement entre adultes et de l’inertie institutionnelle, la création d’un groupe de travail national et une co-construction associant l’ensemble des acteurs concernés.
Et maintenant ?
Cette rencontre marque une étape importante : les constats sont partagés, les pistes identifiées, et les intentions affichées. Il appartient désormais à chacun de transformer ces échanges en actes.
HELPEN prendra toute sa part à ce travail, dans un esprit de responsabilité et de coopération, mais aussi de vigilance. Un suivi attentif sera assuré afin que les engagements évoqués trouvent une traduction concrète sur le terrain et ne demeurent pas lettre morte. Les agents, leurs situations et leur santé au travail l’exigent.








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