HELPEN - ASSOCIATION RECONNUE D'INTERET GENERAL - LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE
AGRESSIONS, HARCÈLEMENT, SILENCE
Après notre intervention sur RMC Story et l'article de Isabelle Forboteaux, le 28 novembre 2025 : quand les alertes ne sont pas traitées, c’est tout le système qui fabrique du danger. Mais que se passe t-il à Matignon ?
Helpen
11/29/20255 min read
Depuis un an, HELPEN documente un phénomène que des milliers d’agents de l’Éducation nationale vivent chaque jour : la souffrance au travail n’est jamais seulement le produit d’un comportement individuel. Elle est le résultat d’un mécanisme institutionnel qui ne traite pas les alertes, ne protège pas les agents et laisse le terrain libre à toutes les dérives. Nous félicitons notre membre du bureau Thierry Dinard pour son courage, son témoignage a été vu par quatre millions d'internautes en deux jours.
L’actualité récente dans la Marne — révélée par France 3 et la journaliste Isabelle Forboteaux — vient d’en offrir une démonstration éclatante. Cet article est à consulter ICI.
Que se passe t-il à Matignon ?
"Les signalements vont être adressés au service d'enquête pour que l'on puisse procéder aux auditions des deux personnes concernées afin de déterminer si des responsabilités pénales sont susceptibles d'être engagées."
Annick Browne, procureure de la république de Châlons-en-Champagne
Cette affaire concerne des agressions sexuelles d’enfants signalées, mais non traitées, jusqu’à ce que des députés et la presse contraignent la justice à rouvrir le dossier. Les situations sont différentes des cas de harcèlement moral entre agents.
Mais le mécanisme, lui, est exactement le même.
1. Le point commun entre toutes ces affaires :
Des alertes, puis du silence
Que l’on parle :
de violences sexuelles sur mineurs,
de harcèlement moral entre collègues,
d’agressions verbales ou d’humiliations répétées,
de représailles après signalement,
de violences institutionnelles plus diffuses,
le cœur du problème reste toujours identique :
L’absence de traitement des alertes.
L’enquête menée par France 3 le montre : les informations existaient. Des agents ont parlé. Des responsables étaient au courant. Mais rien n’a été enclenché.
Dans 74 % des cas recensés par HELPEN, c’est le même scénario : ,aucune enquête n’est ouverte, malgré un signalement.
Dans 77 % des cas : des représailles touchent ceux qui osent parler.
Ce n’est plus un dysfonctionnement : c’est un système.
2. Ce que l’affaire de la Marne confirme de manière brutale
L’affaire révélée la semaine dernière n’est pas un « cas isolé ». Elle valide, point par point, ce que nous constatons sur le harcèlement dans toute la France :
Les agents signalent
93 % de nos adhérents l’ont fait.
L’institution minimise ou détourne
78 % disent que leur hiérarchie a tenté de minimiser les faits. 90% ont entendu de la part de leur(s) interlocuteur(s) le mot diffamation, et l'ont ressenti comme une menace déguisée.
Les dossiers disparaissent
Les signalements se perdent, ne remontent pas, ne sont pas formalisés.
Les victimes voient les faits retournés contre elles
82 % décrivent ce mécanisme.
La justice n’est saisie qu’en dernier ressort
Dans la Marne, il aura fallu la pression d’élus et le travail de la presse pour que le parquet rouvre enfin l’enquête.
On ne parle plus d’un défaut ponctuel. On parle d’un déni structurel.
3. Pourquoi ce silence institutionnel fabrique du harcèlement
HELPEN développe depuis un an une démonstration rigoureuse fondée sur trois constats.
3.1 La « troisième variable » : l’alibi commode
Les institutions invoquent souvent une « cause alternative » :
conflit interpersonnel,
personnalité fragile,
organisation sous tension.
Ces explications servent d’alibi. Elles permettent d’éviter d’enquêter. Sauf qu’aucune ne résiste aux faits :
un conflit ne crée pas 5 années de rumeurs, le stress ne cible pas toujours les mêmes personnes, la fragilité supposée ne crée pas des représailles administratives.
Lorsque rien n’est traité, le harcèlement se structure, s’étend, devient une norme de fonctionnement.
3.2 Le silence, plus puissant que les agresseurs
Le harcèlement moral peut commencer pour des raisons diverses. Mais il ne persiste que grâce à une seule cause : l’inaction institutionnelle.
C’est elle qui :
normalise les comportements toxiques,
légitime les rumeurs,
renforce l’impunité,
écrase la victime,
dissuade les témoins.
Ce schéma est identique dans les affaires révélées par la presse ces derniers jours : si les alertes avaient été traitées, les faits auraient été empêchés.
3.3 Le silence rend tout dangereux : même ce qui ne l’était pas au départ
Quand une institution ne traite plus :
les signaux faibles deviennent signaux forts,
les signaux forts deviennent des drames,
et les drames deviennent des affaires judiciaires.
C’est une mécanique simple, connue, documentée. Mais jamais corrigée.
4. Le courage de celles et ceux qui refusent d’avoir peur
L’affaire de la Marne révèle aussi autre chose : le courage de ceux qui n’acceptent plus le silence.
Le courage des journalistes qui se heurtent à des non-réponses, des communiqués vides, des pressions symboliques — mais qui continuent malgré tout.
Le courage des agents et directeurs qui prennent la parole malgré la peur très réelle des représailles.
Le courage des députés qui rouvrent des dossiers que d’autres avaient enterrés.
Ce courage-là est ce qui protège les enfants. Ce courage-là est ce qui protège les agents. Ce courage-là est ce qui protège l’institution d’elle-même.
5. Ce que HELPEN réclame désormais, avec force
Depuis un an, nous avons alerté le ministère. Depuis un an, nous n’avons reçu aucune réponse. Pendant ce temps :
2 250 témoignages ont été documentés,
150 000 agents seraient en grande souffrance,
les affaires se multiplient dans la presse,
et la confiance des personnels s’effondre.
Le temps des excuses est terminé. Le temps des postures est terminé. Le temps du silence est terminé.
HELPEN demande :
1️⃣ Une commission d’enquête parlementaire sur le harcèlement moral et l'inaction institutionnelle dans l’Éducation nationale.
2️⃣ Un système national de traitement des alertes : obligatoire, tracé, transparent, consultable.
3️⃣ Des données officielles. Parce que l’absence de statistiques est une forme de dissimulation.
4️⃣ Une protection réelle des lanceurs d’alerte. Sans quoi aucune vérité ne remontera jamais.
Conclusion :
Quand l’institution se tait, ce sont les enfants et les agents qui paient.
Les affaires de l'académie de Reims nous montrent une fois encore que ce n’est pas seulement la faute isolée d’un individu qui menace l’Éducation nationale. C’est la réaction ou plutôt l'absence de réaction de l'institution, qui doit avoir le courage de détacher la faute du service et arrêter de protéger celles et ceux qui ne le méritent pas.
La vérité blesse. Le harcèlement, lui, tue. Et le silence est la cause fondamentale du harcèlement. Si on n'agit pas, on prend le risque d'être complice.
Tant que l’institution se taira, HELPEN parlera. Par respect pour l'institution que nous servons avec loyauté.






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