2025 : une année pour nommer, documenter et agir contre le harcèlement institutionnel dans l’Éducation nationale

2025 : une année pour nommer, documenter et agir contre le harcèlement institutionnel dans l’Éducation nationale

À l’approche de Noël, les établissements ferment leurs portes, et beaucoup aspirent à quelques jours de répit. Pourtant, derrière cette parenthèse, une réalité demeure : pour de nombreux agents de l’Éducation nationale, la souffrance au travail ne connaît pas de trêve. Elle s’installe dans la durée, se nourrit du silence, de l’isolement, de l’inaction et souvent de la peur.

C’est dans ce contexte que HELPEN a poursuivi, tout au long de l’année 2025, un travail patient, exigeant et souvent invisible : faire reconnaître le harcèlement moral entre personnels et l’inaction institutionnelle comme des réalités systémiques, et accompagner concrètement celles et ceux qui y sont confrontés.

Structurer l’association pour agir durablement

L’année 2025 a d’abord été une année de structuration. HELPEN n’est plus seulement un collectif militant : l’association s’est dotée d’un cadre juridique, administratif et fiscal solide. L’obtention du rescrit fiscal a marqué une étape essentielle. Elle a confirmé la reconnaissance officielle de l’intérêt général de l’action menée et a permis de sécuriser les dons, d’asseoir la crédibilité de l’association et de garantir la transparence de son fonctionnement.

Ce travail, peu visible mais fondamental, a permis à HELPEN de se projeter dans la durée et de renforcer sa capacité d’action, sans dépendre de logiques institutionnelles ou syndicales existantes.

Produire, écrire, documenter : rendre visible l’invisible

Tout au long de l’année, HELPEN a publié de nombreux articles de fond, qui constituent aujourd’hui une véritable base documentaire sur le harcèlement moral et l’inaction institutionnelle dans l’Éducation nationale.

Ces publications ont pris plusieurs formes :

• des analyses juridiques expliquant les droits des agents, les obligations de l’employeur public, les recours possibles ;

• des articles de décryptage institutionnel, mettant en lumière les mécanismes de déresponsabilisation, de renvoi de la faute sur les victimes, ou de neutralisation des alertes ;

• des textes de positionnement, assumant une parole claire, indépendante, parfois dérangeante, mais toujours argumentée ;

• des articles pédagogiques, destinés à outiller les agents, à leur permettre de nommer ce qu’ils vivent et de comprendre que leur situation n’est ni individuelle ni exceptionnelle.

L’enjeu n’était pas seulement d’informer, mais de rompre l’isolement. Mettre des mots sur ce qui, trop souvent, est vécu dans la honte ou la confusion.

Accompagner les agents, un par un

Au cœur de l’action de HELPEN en 2025, il y a eu les situations individuelles. Derrière chaque article, chaque rencontre, chaque démarche institutionnelle, il y a des agents — enseignants, personnels administratifs, personnels de direction, inspecteurs — confrontés à des situations de harcèlement, de dénigrement, de mise à l’écart ou d’inaction prolongée de leur hiérarchie.

HELPEN a consacré un temps considérable à :

• l’écoute des récits, souvent longs, parfois chaotiques, toujours lourds à porter ;

• l’analyse des situations, pour distinguer les conflits ordinaires des mécanismes de harcèlement ;

• l’orientation vers des démarches adaptées : écrits professionnels, signalements, recours, accompagnement juridique ;

• le soutien moral, indispensable quand l’institution elle-même devient source de souffrance.

Ce travail d’accompagnement n’a rien de spectaculaire. Il est discret, exigeant, chronophage. Mais il a été au cœur de la raison d’être de la création de l’association. Cette stratégie va devoir être revue, au regard du peu de bénévoles qui "tiennent le coup" face à l'ampleur de la tâche. 2250 dossiers, 750 adhérents. Des dizaines de milliers de pièces qui prouvent l'ampleur de l'inertie institutionnelle.

Créer des espaces de parole collective

En parallèle de cet accompagnement individuel, HELPEN a organisé et participé à plusieurs tables rondes, rencontres et temps d’échange. Ces espaces ont permis à des agents de sortir de l’isolement, de croiser leurs expériences, de comprendre les logiques communes à des situations apparemment différentes.

Ces moments collectifs ont été essentiels pour :

• faire émerger une parole collective, là où l’institution renvoie sans cesse à des cas “particuliers” ;

• construire une analyse partagée des dysfonctionnements ;

• poser les bases d’une action collective éclairée, loin des réactions émotionnelles ou des injonctions à la résilience individuelle.

Dialoguer avec les institutions, sans naïveté

L’année 2025 a également été marquée par des contacts directs avec les plus hautes sphères institutionnelles. HELPEN a été reçue à Matignon, au Ministère de la Justice, à la DIAV Délégation Interministérielle de l'Aide aux Victimes, à la DGRH Direction Générale des Ressources Humaines, puis enfin au Ministère de l’Éducation nationale avec la DGRH et la DAJ Direction des Affaires Juridiques, pour porter ses constats, ses analyses et ses propositions.

Ces rencontres n’ont jamais été perçues comme des aboutissements en soi, mais comme des étapes nécessaires. Elles ont permis de :

• faire reconnaître la réalité du harcèlement moral entre personnels ;

• mettre en évidence les effets délétères de l’inaction institutionnelle ;

• ouvrir des perspectives de travail et de réflexion à plus long terme.

HELPEN ne confond pas dialogue et adhésion. L’association sait que les paroles institutionnelles n’engagent que si elles sont suivies d’effets concrets. Elle reste donc attentive, exigeante et vigilante.

Noël, responsabilité collective et lucidité

À l’approche des fêtes, HELPEN pense à celles et ceux qui abordent cette période avec fatigue, inquiétude ou solitude. Noël peut être un moment de pause. Il doit aussi être un moment de lucidité collective.

Oui, le Père NoHelpen existe, mais comme une blague sérieuse. Il ne distribue pas de miracles, ne croit pas aux promesses creuses et ne ferme pas les yeux sur les réalités institutionnelles. Il rappelle simplement ceci : nous ne sommes pas naïfs. Et c’est précisément pour cela que nous restons engagés, attentifs et vigilants. Surtout, nous sommes libres de toute contrainte, syndicale ou politique. C'est cela notre vrai pouvoir.

En 2026, HELPEN poursuivra son travail avec la même exigence : continuer à documenter, accompagner sans relâche, dialoguer sans renoncer à l’esprit critique, refuser que le silence soit une réponse acceptable.

Parce que plus aucun agent ne devrait rester seul face à la violence du silence.

Joyeuses fêtes à toutes et à tous.