HELPEN - ASSOCIATION RECONNUE D'INTERET GENERAL - LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE
Souffrance au travail dans l’Éducation nationale : les chiffres s’accumulent, la prise de conscience tarde
Les chiffres s’accumulent, les rapports se succèdent, mais la prise de conscience institutionnelle reste timide. Dans l’Éducation nationale, la souffrance au travail n’est plus un sujet périphérique : elle s’impose désormais comme un problème majeur, documenté par des sources officielles, mais encore trop souvent minimisé.
Helpen
9/27/20252 min read


Ces dernières années, les alertes se sont multipliées. Selon la médiatrice de l’Éducation nationale, les saisines liées au mal-être au travail ont bondi de 78 % en cinq ans. Derrière cette statistique, des histoires humaines se cachent : enseignants en arrêt maladie après des pressions hiérarchiques, personnels précaires épuisés par des conditions intenables, directeurs découragés face à un climat scolaire qui se dégrade. Le nombre de cas de harcèlement présumé a, lui aussi, augmenté, passant de 40 en 2023 à 70 en 2024. Et la tendance ne semble pas près de s’inverser.
Les enquêtes de terrain confirment cette réalité : près de quatre enseignants sur dix disent se sentir vidés chaque semaine, et huit sur dix présentent un niveau d’épuisement moyen ou fort. Quant aux personnels de direction, plus de 42 % déclarent aujourd’hui être insatisfaits du climat scolaire, alors qu’ils n’étaient que 17 % en 2013. Autrement dit, la crise de sens et de reconnaissance touche l’ensemble de la pyramide éducative.
Or, les outils de prévention peinent à jouer leur rôle. Le fameux DUERP, document censé évaluer et prévenir les risques professionnels, reste trop souvent incomplet ou ignoré. Les cellules d’écoute, mises en avant comme gages de modernisation, manquent cruellement de moyens et sont perçues comme des vitrines plus que comme des solutions. Quant à la médecine de prévention, elle est exsangue : un médecin pour 16 000 agents, quand la norme en voudrait un pour 2 500. Ce déficit structurel rend impossible un suivi digne de ce nom. Pire encore, certaines préconisations médicales ne sont pas respectées, laissant les personnels face à un mur administratif qui les contraint parfois à l’arrêt ou à la reconversion.
La souffrance au travail n’est pas qu’une question individuelle, comme on voudrait parfois le laisser croire. Elle traduit un dysfonctionnement collectif, une incapacité de l’institution à protéger ceux qui la font vivre. En réduisant ces situations à de simples « conflits interpersonnels », l’Éducation nationale se prive d’une analyse systémique et entretient un climat de défiance. Les arrêts maladie, les demandes de protection fonctionnelle ou de rupture conventionnelle en hausse en sont les symptômes visibles.
C’est dans ce contexte que l’association HELPEN appelle à une inflexion majeure. Il ne s’agit plus de produire un rapport de plus, mais de bâtir une stratégie nationale de prévention structurée. Cela suppose de rassembler autour de la même table le ministère, les syndicats, les associations et les collectifs indépendants, ainsi que les personnels eux-mêmes. Seuls des groupes de travail inter-acteurs, réguliers et dotés d’une réelle capacité d’action, pourront transformer l’accumulation de constats en solutions concrètes.
Se défendre ensemble, c’est possible. Mais cela suppose une volonté commune de briser le silence, de prendre la mesure de l’ampleur du problème et d’agir pour transformer durablement les conditions de travail dans l’Éducation nationale. Tant que cette prise de conscience restera inachevée, la souffrance des personnels continuera de croître dans l’ombre, au détriment de toute la communauté éducative.
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