HELPEN - ASSOCIATION A BUT NON-LUCRATIF DE LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE
Statistiques : le harcèlement moral au sein de l'Education nationale, et le fardeau du temps administratif et judiciaire
Le harcèlement moral entre personnels au sein de l’Éducation nationale est une problématique préoccupante, bien que les données statistiques précises soient limitées. Le Ministère est réticent à publier des données statistiques régulières sur les problématiques de souffrance au travail, sur la démission, et le suicide. Voici un développement plus détaillé concernant le harcèlement moral entre personnels dans l’Éducation nationale, en fonction des statistiques et études disponibles.
Helpen
12/27/20243 min read
Le harcèlement moral entre personnels au sein de l’Éducation nationale est une problématique préoccupante, bien que les données statistiques précises soient limitées. Selon une enquête de la Fondation européenne de Dublin publiée en 2000, 5 % des travailleurs en France déclaraient avoir été victimes de harcèlement moral au travail au cours des 12 mois précédents, avec une prévalence plus élevée dans l’administration (14 %) .
Plus récemment, le rapport annuel 2023 de la médiatrice de l’Éducation nationale souligne une augmentation des conflits internes. Les demandes de médiation liées aux relations professionnelles ont bondi de 78 % en cinq ans, représentant désormais 13 % des saisines effectuées par les personnels (https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/07/17/la-mediatrice-de-l-education-nationale-alerte-sur-la-vulnerabilite-des-enseignants-face-a-la-montee-des-comportements-agressifs_6251462_3224.html) . Cette hausse indique une dégradation des relations entre collègues et une montée des comportements agressifs envers le personnel éducatif.
Par ailleurs, l'Autonome ASL présente une analyse des dossiers de harcèlement montre que 34 % impliquent les représentants légaux d’un élève, 31,5 % la hiérarchie, et 34,5 % les collègues (https://www.autonome-solidarite.fr/articles/harcelement-de-personnels-par-un-tiers) . Ces chiffres illustrent la diversité des sources de harcèlement moral au sein de l’institution.
Il est important de noter que les situations de harcèlement moral peuvent avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique des personnels concernés. Des cas judiciaires ont abouti à des indemnisations significatives (après des années de souffrances), reflétant la reconnaissance de la gravité de ces situations, toujours selon l'ASL (https://www.autonome-solidarite.fr/articles/lutter-contre-le-harcelement-entre-personnels-deducation).
Une récente étude menée auprès de plus de 8 000 personnels administratifs de l’Éducation nationale révèle une situation alarmante : 58 %des répondants se déclarent victimes de harcèlement moral. Ces chiffres, parmi les plus élevés relevés dans l’institution, mettent en lumière un problème longtemps passé sous silence.
En outre, 44 % des agents se disent épuisés, et 28 % ont déjà vécu un burn-out clinique. Près de 60 % estiment travailler plus de 40 heures par semaine, tandis que 74 % peinent à concilier vie professionnelle et privée. Ces personnels, pourtant indispensables au fonctionnement du système éducatif, se sentent peu reconnus et subissent des injonctions contradictoires ainsi qu’un manque de formation adaptée.
47 % d’entre eux envisagent une reconversion professionnelle, signe d’un profond malaise. L’étude, commandée par le syndicat A&I Unsa, appelle à une prise de conscience urgente. Comme le souligne Georges Fotinos, co-auteur, « ce sont les soutiers du système, sans eux rien ne pourrait se faire ». Les résultats, remis au ministère, pourraient inciter à des mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de travail et lutter contre les violences institutionnelles.
L’un des principaux défis auxquels les victimes de harcèlement moral dans l’Éducation nationale sont confrontées est la lenteur des procédures judiciaires et administratives. Les délais pour obtenir une reconnaissance ou une sanction peuvent s’étendre sur plusieurs mois, voire des années. Cette longueur affecte profondément les victimes, qui restent souvent exposées à leurs harceleurs pendant toute la durée de l’enquête ou du procès. Cette attente prolonge leur souffrance et renforce leur isolement, d’autant que le statut de fonctionnaire impose des démarches spécifiques, souvent complexes, avant même d’entamer une procédure judiciaire.
Par ailleurs, ces délais jouent fréquemment en faveur des harceleurs, qui peuvent profiter de la fatigue ou du découragement des victimes pour dissuader toute poursuite. Une réforme des procédures, notamment pour accélérer la prise en charge des dossiers liés au harcèlement moral, semble essentielle pour garantir une protection efficace et rapide aux personnels concernés.
En l’absence de données plus récentes et spécifiques, ces informations mettent en lumière la nécessité d’une vigilance accrue et de mesures préventives pour lutter contre le harcèlement moral entre personnels dans l’Éducation nationale.
Illustration : Marianne, 24 avril 2024