HELPEN - ASSOCIATION RECONNUE D'INTERET GENERAL - LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE
Harcèlement moral dans l’Éducation nationale : l’omerta d’État
Le harcèlement moral n’est pas seulement l’histoire d’un supérieur abusif ou d’un collègue toxique. C’est un mécanisme beaucoup plus large, une machine institutionnelle qui fonctionne parce qu’elle s’alimente du silence et de la loi du silence. Les victimes, souvent, ne sont pas seulement épuisées ou fragilisées : elles sont déplacées contre leur gré, marginalisées, discréditées. On les pousse à quitter leur poste, à changer d’établissement, à se taire.
Helpen
9/11/20255 min read


Chaque année, c’est l’équivalent d’une ville entière qui s’effondre dans le silence. Reims, Toulon, peu importe l’image : près de 180 000 personnels de l’Éducation nationale déclarent être victimes de harcèlement moral au travail. Derrière ces chiffres, ce sont des enseignants, des CPE, des personnels administratifs ou encore des chefs d’établissement adjoints qui voient leur santé se dégrader à petit feu. Les symptômes sont connus, répertoriés, étudiés : stress chronique, dépression, burn-out, arrêts maladie répétés, jusqu’aux cas les plus dramatiques de suicide. Ce fléau n’a rien d’une abstraction statistique, il se vit dans les salles des professeurs, dans les bureaux, dans les couloirs des établissements, partout où l’institution feint de ne rien voir.
Car malgré l’ampleur des dégâts, l’Éducation nationale se tait. Aucun rapport ministériel ne documente la situation, aucune enquête interne n’éclaire l’ampleur du phénomène, aucune alerte sanitaire n’est déclenchée. Le harcèlement moral, quand il n’est pas purement nié, est relégué au rang commode de simple « conflit relationnel ». Une manière de se laver les mains, de réduire la souffrance à un différend entre individus, alors même qu’il s’agit d’un phénomène structurel, massif, destructeur. En refusant de regarder la réalité en face, le ministère entretient un déni d’État qui laisse les victimes seules dans leur détresse et empêche toute véritable politique de prévention.
Un scandale sanitaire caché sous le tapis
L’amiante a fini par déclencher une réaction de l’État, les solvants ont donné lieu à des réglementations strictes, et les troubles musculo-squelettiques ont mobilisé des politiques de prévention massives. Chaque fois, la puissance publique a reconnu l’existence d’un danger, l’a mesuré, et a mis en place des dispositifs pour tenter de le contenir. Mais lorsqu’il s’agit du harcèlement moral au travail, le réflexe change brutalement : il n’est plus question de santé publique, mais de simples « conflits relationnels ». Un vocabulaire qui, à lui seul, suffit à minimiser la gravité des faits et à transformer une violence systémique en querelles personnelles.
Ce tour de passe-passe administratif a des conséquences redoutables. En classant le harcèlement moral dans la catégorie du différend interindividuel, l’institution s’exonère de toute responsabilité collective. Elle étouffe les alertes, renvoie les victimes à leur isolement et se dispense de produire les données qui permettraient de mesurer l’ampleur du phénomène. Résultat : aucune visibilité, aucun plan d’action. Dans un pays obsédé par la comptabilité et la traçabilité, l’Éducation nationale entretient une anomalie criante : une statistique fantôme qui fait comme si le harcèlement n’existait pas.
Une mécanique institutionnelle de destruction
Le harcèlement moral n’est pas seulement l’histoire d’un supérieur abusif ou d’un collègue toxique. C’est un mécanisme beaucoup plus large, une machine institutionnelle qui fonctionne parce qu’elle s’alimente du silence et de la loi du silence. Les victimes, souvent, ne sont pas seulement épuisées ou fragilisées : elles sont déplacées contre leur gré, marginalisées, discréditées. On les pousse à quitter leur poste, à changer d’établissement, à se taire.
Ce système ne pourrait pas tenir sans la passivité contrainte de ceux qui voient et qui savent. Une enquête internationale réalisée en 2019 le montre : 42 % des salariés déclarent avoir été témoins d’un cas de harcèlement ou de discrimination, mais 77 % d’entre eux se sont tus. Non pas parce qu’ils ne voyaient pas, non pas par indifférence, mais parce que parler est devenu trop risqué.
Dans l’Éducation nationale, ce silence est encore plus écrasant. Les personnels savent que dénoncer expose à des représailles : blocage de carrière, isolement, mise au placard. Les hiérarchies intermédiaires ferment les yeux, les collègues détournent la tête, chacun espérant passer entre les gouttes. Alors on se tait, par peur de perdre son emploi, par peur de se retrouver seul face à la machine. Mais ce silence, loin de protéger, tue à petit feu. Il tue la parole, il tue les solidarités, il tue parfois les victimes elles-mêmes.
Harcèlement et suicides : un lien mortel
Les chercheurs ne laissent place à aucune ambiguïté : le harcèlement moral double le risque d’idées suicidaires et multiplie par deux et demi celui de tentatives de suicide. Derrière ces statistiques froides, c’est une réalité glaçante qui se dessine : une idée suicidaire sur dix, une tentative sur huit, directement liées à ce fléau.
Ces chiffres, pourtant, ne sont pas des abstractions. Ils correspondent à des visages, à des destins fauchés. Ce sont des professeurs que l’on retrouve pendus dans leur salle de classe, des chefs de travaux qui s’effondrent un soir chez eux, des adjoints qui ne se relèvent jamais d’années de pressions et d’humiliations. Ces drames ne sont pas des fatalités individuelles mais la conséquence directe d’un système qui refuse de voir la mécanique mortifère qu’il laisse prospérer en son sein.
HELPEN : briser le mur du silence
Puisque le ministère choisit le silence, d’autres ont décidé de parler. Puisqu’il refuse de mesurer l’ampleur du désastre, d’autres prennent la responsabilité de compter. Puisqu’il nie l’évidence, d’autres posent les faits sur la table. HELPEN s’est construit sur cette exigence : donner une voix à celles et ceux que l’institution a réduits au silence.
Chaque témoignage recueilli, chaque parcours brisé raconté, chaque statistique que nous faisons émerger démontrent la même chose : le harcèlement moral dans l’Éducation nationale n’a rien d’une série de cas isolés. Il s’agit d’un système, d’une mécanique d’aveuglement organisée, qui broie les individus tout en se protégeant derrière son silence. Désormais, les preuves s’accumulent, les chiffres s’alignent. Le temps de l’ignorance feinte est révolu : plus personne ne pourra prétendre ne pas savoir.
Le courage est contagieux
HELPEN ne cherche pas des spectateurs, mais des alliés. Chaque adhésion, chaque don, chaque signature de pétition est un coup porté contre le mur d’omerta qui protège les bourreaux et étouffe les victimes. On nous demande parfois pourquoi nous continuons à nous battre, pourquoi nous “nous acharnons”. La réponse est simple : parce que derrière chaque dossier, il y a un visage ; derrière chaque suicide, une famille détruite ; derrière chaque mutation forcée, une carrière sacrifiée.
Alors oui, nous persisterons. Nous dénoncerons, nous publierons, nous rendrons visibles ce que l’institution tente d’enfouir. Le ministère peut enterrer ses chiffres, classer les plaintes, décourager les victimes : nous resterons là, obstinés, à documenter, à témoigner, à exiger des comptes. Ce combat est le nôtre, mais il est aussi celui de toutes et tous. Car demain, la prochaine victime pourrait être votre collègue. Ou vous.
Solidarité, combativité
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