HELPEN - ASSOCIATION RECONNUE D'INTERET GENERAL - LUTTE CONTRE LE HARCELEMENT MORAL ENTRE PERSONNELS DE L'EDUCATION NATIONALE

Censure et silence coupable à la DGESCO : deux visages de l’hypocrisie institutionnelle

Il n’est rien qui vaille mieux que la vertu et un bon cœur ; sans eux, la beauté est une chimère. Dans le contexte du harcèlement moral dans l’Éducation nationale, cette citation nous anime. Ceux qui devraient incarner la vertu – les responsables hiérarchiques – se soucient davantage de préserver les apparences que de défendre la justice et l’honneur. À l’inverse, ce sont parfois les victimes, méprisées ou isolées, qui portent en elles la vraie dignité.

INFORMATION PREVENTION

Helpen

3/20/20254 min read

La récente censure de La Belle et la Bête, une bande dessinée jeunesse, par la DGESCO sous l’égide de Caroline Pascal, a suscité de vives réactions. Etrange hiérarchie des priorités : l’institution sait être prompte et tranchante lorsqu’il s’agit de soustraire un ouvrage des mains des jeunes lecteurs, mais elle demeure inerte face aux détresses humaines de ses propres agents.

Loin de toute polémique stérile, cette situation pose une question plus large : pourquoi l’Éducation nationale sait-elle se mobiliser quand il s’agit de censurer une œuvre, mais reste-t-elle si souvent muette lorsqu’il s’agit de répondre aux appels à l’aide de ceux qui la servent ? La cohérence des choix et la constance des valeurs devraient être au cœur de l’action publique. Car une institution qui censure pour prétendument protéger devrait aussi savoir écouter pour défendre.

La décision de la DGESCO de censurer La Belle et la Bête, une bande dessinée jeunesse, soulève de nombreuses interrogations. Cette œuvre, jugée inappropriée par l’institution, a été retirée des recommandations officielles dans un souci affiché de protection du jeune public. Si l’Éducation nationale sait faire preuve de vigilance lorsqu’il s’agit de contenus culturels, on peut s’interroger sur sa réactivité quand il est question de défendre celles et ceux qui la servent.

Dans La Belle et la Bête, la vraie monstruosité n’est pas celle que l’on croit : sous une apparence effrayante peut se cacher un être digne, tandis que ceux qui se disent justes peuvent être les plus cruels. De la même manière, dans l’Éducation nationale, le harcèlement moral repose sur une inversion des rôles : les victimes sont isolées et rendues responsables de leur sort, tandis que les agresseurs sont protégés par le silence institutionnel. Loin de combattre ces injustices, l’institution préfère souvent détourner le regard, laissant la souffrance se perpétuer.

À la tête de la censure de cette BD jeunesse, on retrouve Caroline Pascal, actuelle responsable de la DGESCO et ancienne cheffe de l’Inspection générale. À ce titre, elle avait autorité sur des situations où des enseignants, isolés et en détresse, tentaient d’alerter sur des traitements indignes subis dans leur environnement professionnel. Un parcours institutionnel qui aurait pu être synonyme d’écoute et de protection des personnels éducatifs. Pourtant, l’expérience des victimes de harcèlement moral dans l’Éducation nationale en témoigne : les alertes se heurtent trop souvent à un mur de silence. Nous avons écrit plusieurs fois à Caroline Pascal depuis la création de l'association, et n'avons jamais obtenu, ne serait-ce qu'une réponse.

De nombreux enseignants, confrontés à des situations de maltraitance institutionnelle, ont tenté d’alerter les autorités compétentes. Leur point commun ? Des courriers restés sans réponse, des signalements ignorés, des vies professionnelles broyées dans l’indifférence. L’Inspection générale, sous la responsabilité de Caroline Pascal à l’époque, avait le pouvoir d’agir. Mais que s’est-il passé ? Rien. Aucun soutien, aucune enquête sérieuse, aucune protection pour ces enseignants en détresse. Rien, au contraire.

C’est là que réside toute l’incohérence de cette politique à géométrie variable : l’institution se montre prompte et intransigeante lorsqu’il s’agit de censurer une œuvre jugée sensible, mais demeure passive face à des situations d’injustice criante. Où est la même rigueur lorsqu’un professeur est harcelé par sa hiérarchie ou mis au ban de son établissement pour avoir osé parler ? Pourquoi cette capacité d’intervention disparaît-elle lorsqu’il s’agit de protéger des adultes victimes de violences psychologiques ?

Ce double langage interroge : l’Éducation nationale se pose en gardienne de l’intégrité intellectuelle des élèves, tout en abandonnant certains de ses personnels à leur sort. Ce n’est pas la censure d’un ouvrage qui mettra fin aux souffrances de ceux qui, chaque jour, tentent de survivre dans un système parfois impitoyable. Loin d’être un simple choix éditorial, cette censure est le symbole d’une hypocrisie plus profonde : celle d’une institution qui préfère contrôler les récits plutôt que d’affronter ses propres défaillances.

Faute d’une action déterminée de la part de certains hauts responsables au sein de l’IGESR, des situations préoccupantes persistent aujourd’hui. Des agents en position d’autorité usent de leur pouvoir de manière contestable, laissant des victimes sans recours face à des pratiques injustes : rétrogradation, menaces, obstacles à l’évolution professionnelle, suppression de missions, isolement forcé, tandis que ceux qui devraient être interrogés sur leurs actes continuent de progresser sans entrave. C’est ainsi que l’inaction permet à un véritable harcèlement systémique voire institutionnel de s’installer.

Pour HELPEN, il en va de la dignité de défendre nos collègues face à ces dérives et à l’indifférence ambiante. HELPEN incarne un engagement fondé sur l’honneur, loin de toute quête de reconnaissance ou de privilèges. Mais pour ceux qui ont choisi d’ignorer, de minimiser ou de cautionner ces pratiques, le véritable enjeu est ailleurs : celui du discrédit et de la responsabilité.

Pour aller plus loin, cet article de Rémi Boyer, notre partenaire associatif Aide aux Profs. L'article est très bien renseigné, et envoie vers les quelques vingt-cinq articles de presse qui mentionnent la décision de la DGESCO et du Ministère de l'éducation nationale : cliquer sur l'image de Sanaga (et bravo pour cette illustration)